On vous le disait il y a peu, 2022 sera placée sous l’égide de Rachel Carson année anniversaire de la parution “Printemps silencieux” (1962), ouvrage fondateur et point de référence du mouvement écologiste.

Ce qu’on ne vous disait pas (encore), c’est que 2022 sera aussi placée sous le signe de la Loire : le 1er mai prochain, nous lancerons notre nouveau projet de recherche-action-création… au fil du fleuve. Loire Sentinelle – c’est son nom – prendra la forme d’une descente intégrale du fleuve, d’abord à pied puis en canoë ; et place de mai à juillet 2022, pour une première mission de terrain.

La suite dans le Courrier de l’Ouest du 23 janvier et sur nos réseaux dans les semaines à venir !

  •  

LE COURRIER DE L’OUEST / 23 JANVIER 2022

Extraits

Avec Loire Sentinelle, les biologistes Barbara Réthoré et Julien Chapuis lancent une exploration inédite du fleuve. Explications.

Le 1er mai, ils engageront leur expédition, Loire Sentinelle. Une exploration itinérante, à la fois scientifique et culturelle, visant à dresser une première cartographie de la biodiversité et de la plasticodiversité à l’échelle du fleuve dans son entier. Le projet, agrémenté d’escales-rencontres au gré du parcours, associera également des artistes et penseur·ses dans le cadre d’une Résidence flottante, pour « enquêter sur les formes que pourrait prendre une culture vivante du fleuve ».

À pied sur une centaine de kilomètres, puis en kayak sur les 900 restants, Barbara Réthoré et Julien Chapuis vont parcourir intégralement la Loire, des sources jusqu’à l’estuaire, soit 1 000 km d’un périple qu’ils achèveront fin juillet, selon leur prévisions. « Cette amplitude permet de se glisser dans le temps long et lent du fleuve », apprécient-ils, « et de laisser la place à la rencontre tant avec les humains qu’avec les autres qu’humains ».

[…]

Sur le plan scientifique, les deux biologistes vont ainsi collecter, sur l’ensemble de la Loire, les traces ADN « laissées par tous les vivants dans leur milieu » et les microplastiques « délaissés par les seuls humains ». Un travail qui, dans le continuum des sources à l’estuaire, n’a pas encore été conduit.

« L’idée est d’avoir une vue globale de ce qu’il se passe en Loire pour comprendre les causes et mesurer les conséquences de cette pollution [liée aux microplastiques] invisible, diffuse et encore peu étudiée », précisent les biologistes qui veulent s’intéresser « à l’échelle du bassin-versant ».

  •  

MICROPLASTIQUES, QUELS IMPACTS SUR LA LOIRE ?

S’ils n’ont pas de doute sur la présence de ces plastiques environnementaux en Loire, les deux biologistes cherchent à connaître leur type, concentration et leurs effets à différents niveaux grâce aux analyses réalisées à partir des échantillons qu’ils prélèveront. « Les plastiques sont partout. Ils forment un marqueur représentatif des contaminants dans l’écosystème, qui adsorbent d’autres types de polluants et servent de “véhicule” pour des virus et des bactéries. Ils ne disparaissent pas mais se dégradent progressivement à des échelles microscopiques, pour se retrouver inévitablement dans le cycle de l’eau », déplorent Barbara Réthoré et Julien Chapuis. Pour leur étude, ils déploieront des méthodes innovantes en lien avec 3 laboratoires : BIOSSE, basé à l’UCO Angers, expert en écotoxicité des contaminants ; LEE, qui engage depuis plusieurs années des recherches sur la Loire, en amont de Nantes et dans la partie estuarienne ; SPYGEN, situé en Savoie, spécialisé dans l’inventaire de la biodiversité basé sur l’étude de l’ADN environnemental.

[…]

Dans l’esprit des « sciences des solutions », les deux biologistes espèrent mobiliser largement autour de cet enjeu majeur et « alerter ainsi l’opinion publique et les décideurs politiques ». L’idée, à terme, livrent-ils, est de « pouvoir former des associations, des collectifs habitants, des villes, sur des “stations sentinelles” le long du fleuve, pour devenir des vigies ».

  •  

Loire Sentinelle

Loire Sentinelle : parcours et calendrier prévisionnels  /  Crédit : Le Courrier de l’Ouest – Rodolphe Melisson
  •  

Un article de Mireille Puau pour Le Courrier de l’Ouest

Accompagné des photos de Josselin Clair (reporter photographe)

Échos, ailleurs, dans la presse :